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La dynastie des Puget
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Pendant plus d'un siècle (1834-1960), la facture d'orgues dans
le Sud-Ouest fut dominée par la dynastie des Puget. Rien qu'entre
1835 et 1912, ils construiront ou restaureront plus de 350 instruments...
Cette brève chronologie des Puget est essentiellement inspirée
des articles de Ph. Bachet : "Les orgues de Midi-Pyrénées
: éléments d'histoire" et "La maison Puget"
(ce dernier texte est en fait un condensé du mémoire de
maîtrise de Henri de Rohan-Csermak présenté
à Paris IV en 1986) in : L'orgue Francophone, actes du 15e
congrès de la FFAO, 13-17
juillet 1998, pp. 6 - 28. Les noms des facteurs ayant dirigé
l'entreprise
sont soulignés.
Le fondateur
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Théodore Puget (1799 - 1883) : fonde à Toulouse
la Manufacture de facteurs d'orgues et d'harmoniums Théodore
Puget et fils en 1834, après avoir fait son apprentissage avec
Prosper Moitessier. Théodore Puget restaurera de grands instruments du Midi
de la France (Nîmes, Narbonne, Alès, Perpignan, Béziers...)
Il pratique une facture traditionnelle de qualité, qui s'oriente
progressivement vers l'orgue romantique et symphonique.
Les fils de Théodore Puget
Parmi les 9 enfants de Théodore Puget, 5 furent des facteurs d'orgues.
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François Puget ( 1825 - 1854) : fils aîné de
Théodore, il travaillera avec son père avant de mourir du
choléra à Montpellier.
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Baptiste Puget (1826 - ? ) s'installera à
son compte et réalisera quelques instruments
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Maurice (I) Puget (1835 - ?) sera associé à
l'entreprise familale à partir de 1866. Il la quittera à
la mort de son frère Eugène et ira s'installer en Espagne
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Eugène Puget ( 1838 - 1892) : entre dans l'entreprise
dès l'âge de 17 ans, à la mort de son frère
François. Il sera le premier successeur de Théodore Puget
en prenant la tête de l'entreprise en 1877. Organiste lui même,
harmoniste exceptionnel, il conduira la maison à son apogée
avec les grands instruments de ND du Taur à Toulouse, de ND de la
Dalbade à Toulouse (en fait, une transformation de l'instrument
que Moitessier y avait construit entre 1844 et 1850), de St Aphrodise à
Béziers et de St Amans à Rodez. L'orgue de la Madeleine d'Albi
date aussi pour l'essentiel de cette époque.
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Jean-Baptiste Puget, dit Théodore (1846-1940),
dernier
fils de Théodore Puget. Dessinateur de talent, il aurait
conçu
les buffets des instruments de son père, puis de son
frère
Eugène (dont celui de la Madeleine d'Albi). Il prend la
tête
de la manufacture au décès d'Eugène en 1892. Sous
sa houlette, on passera de la facture d'orgues artisanale à une
conception sensiblement plus industrielle :
généralisation de
la traction pneumatique tubulaire, utilisation de matériaux
moins
coûteux (spotted, zinc), multiplication des jeux par
dédoublement... La réfection de l'orgue de la
cathédrale d'Albi en 1904
lui vaut des louanges unanimes. Ce style de facture, longtemps
décrié, est progressivement redécouvert de nos
jours, et on ne peut que regretter que nombre d'instruments de cette
époque aient été transformée ou
dénaturés lors du XXe siècle.
Le dernier représentant de la dynastie
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Maurice (II) Puget (1894-1960), fils de Jean-Baptiste, excellent
harmoniste, il prend la tête de l'entreprise en 1922. Maurice continue
dans la voie tracée par son père (pneumatisation, piètre
qualité des matériaux), dans un style plutôt post-symphonique
ou néo-classique. L'orgue de Saint Salvy à Albi est un magnifique
témoignage de la facture et de l'harmonisation de Maurice Puget.
La manufacture d'orgues Puget disparaît à sa mort, en 1960.